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Manifeste 8

8. Nous demandons que les usagers de drogues atteints d'hépatites soient considérés comme des patients comme les autres tant en milieu hospitalier qu'ambulatoire ainsi qu'au niveau d'un suivi psychosocial. Nous demandons également que l'usage de drogues ne soit plus un critère d'exclusion au traitement.

 

Nous savons que la marginalisation socio-économique dans laquelle se trouvent certains usagers de drogues constitue une barrière au traitement Interféron / Ribavirine. S'il faut s'abstenir de toute généralisation à ce niveau (tous les toxicomanes ne sont pas à mettre dans le même sac) et qu'il convient de donner leur chance à ceux-ci de pouvoir être traités sans discrimination, on peut imaginer un processus de collaboration entre le médecin hépatologue et le centre spécialisé dans le suivi de la toxicomanie du patient (traitements de substitution).

 

Dans les cas où le toxicomane est suivi dans le respect de son traitement à la méthadone, par exemple, on a pu remarquer une bonne compliance du patient au traitement. Cela implique évidemment une démarche personnelle positive de la part du patient toxicomane.

 

On comprend tout à fait que, dans des cas de patients toxicomanes trop marginalisés, il y ait un besoin d'une prise en charge spécifique préalable avant d'envisager un traitement de l'hépatite qui ait une chance de donner des résultats positifs. La situation est semblable avec d'autres formes de marginalisation.

 

Il est donc souhaitable de tenir compte de l'état d'esprit du patient marginalisé, quelle qu'en soit la cause. Mais une exclusion systématique des toxicomanes de tout traitement de leur hépatite ne va certainement pas dans le sens du combat que nous menons contre cette maladie. Nous osons espérer qu'il s'agit de cas isolés et non pas d'une attitude habituelle dans les services de gastro-entérologie.

 

Voici le témoignage de Mustapha, un ouvrier de 36 ans:

 

Mon gastro-entérologue m'avait averti qu'étant actuellement en traitement à la méthadone, si je rechutais et reprenais de l'héroïne, ne fut-ce qu'une seule fois, il mettrait fin au traitement immédiatement car il ne voulait pas perdre son temps avec des gens qui ne respectent pas strictement les directives du traitement. Or, je respectais mon traitement de substitution depuis longtemps et j'avais même recommencé à travailler. Pourquoi avait-il autant de préjugés contre moi ?

 

Florence, 33 ans, au chômage, raconte:

 

Mon médecin a refusé de me soigner dans le cadre de la bi-thérapie Interféron / Ribavirine tant que ma toxicomanie n'était pas guérie. Après lui avoir fait observer que je ne consommais plus de drogues grâce à mon traitement de substitution, il me proposa de venir le revoir quand ce traitement à la méthadone serait terminé en invoquant le caractère antagoniste de la méthadone par rapport au traitement de l'hépatite C.

 

Renseignements pris, la méthadone n'est pas un antagoniste de l'Interféron ou de la Ribavirine et n'est pas particulièrement nocive pour le foie, en tout cas, pas au point d'être une contre-indication incontournable au traitement de l'hépatite C. Ce sujet mériterait de figurer à l'ordre du jour des colloques entre hépatologues afin d'adopter une position commune, basée sur des faits ou une étude clinique qui rendent les résultats incontestables. De cette façon, on évitera de faire de la discrimination vis à vis de toxicomanes affichant une attitude positive et responsable, garante d'une bonne compliance au traitement.

 

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